Emma Iankushenko : de l’exil à l’entrepreneuriat, bâtir une entreprise florissante en 3 ans

L’histoire que nous allons partager aujourd’hui est une véritable source d’inspiration, un témoignage éloquent de ce que la passion et la détermination peuvent accomplir. Notre invitée, Emma Iankushenko, incarne la résilience et la réinvention avec une force remarquable.

Partie d’un simple projet personnel, elle a su, en seulement trois ans, ériger une entreprise florissante dans un secteur particulièrement concurrentiel. Comment a-t-elle transformé son idée en une success story fulgurante ? Quels obstacles a-t-elle surmontés ? Et surtout, quelles sont les clés de ce succès entrepreneurial spectaculaire ? Préparez-vous à plonger dans les coulisses de cette aventure captivante. Bienvenue, Emma.

Parcours personnel et Résilience

M&V : Emma, votre histoire est celle d’une résilience et d’une réinvention extraordinaires. En partant d’un projet personnel, vous avez bâti en seulement trois ans une entreprise florissante dans un secteur très concurrentiel. Explorons ensemble les coulisses de cette success story. Votre entreprise est née après avoir fui les tensions politiques en Ukraine. En quoi ce parcours de reconstruction personnelle a-t-il influencé votre vision de l’entrepreneuriat ?

Emma Iankushenko : Je suis arrivée en France bien avant les tensions politiques, mais l’entrepreneuriat faisait déjà partie de mon ADN. Dès l’enfance, je savais que je bâtirais plusieurs entreprises. Ce n’est pas seulement l’ambition qui m’a guidée, mais aussi une révolte intime : grandir avec la vision d’un modèle féminin dépendant, parfois relégué à l’inutilité dans certains pays de l’Est, m’a donné une détermination féroce. J’ai voulu prouver qu’une femme pouvait non seulement exister pleinement, mais construire, diriger et réussir de manière indépendante.

Lire Aussi

M&V : La « reconstruction » est un mot-clé dans votre histoire. Comment cette notion se traduit-elle concrètement dans votre business model et votre relation avec vos clients ?

Emma Iankushenko :  La reconstruction, pour moi, c’est une méthode. J’ai dû reconstruire ma vie, et j’ai transposé cette exigence dans mon entreprise. Concrètement, cela veut dire rebâtir la confiance dans un secteur souvent perçu comme opaque : devis détaillés, traçabilité des matériaux, validation visuelle à chaque étape, délais contractualisés. Chaque projet devient une reconstruction de la relation client. Là où d’autres promettent, nous apportons des preuves. Et la meilleure démonstration de cette fidélité reconstruite, c’est que tous les architectes qui ont travaillé une fois avec nous reviennent pour leurs projets suivants.

M&V : Quelles ont été les plus grandes difficultés à surmonter lors de votre installation en France et du lancement de Meilleur Plan Cuisine, au-delà des défis habituels de tout créateur d’entreprise ?

Emma Iankushenko : La plus grande difficulté a été de me confronter à un système fermé : sans garant, je ne pouvais pas louer ; sans logement, je ne pouvais pas ouvrir de compte bancaire. J’ai donc dû avancer une année de loyer pour convaincre un propriétaire. À cela s’ajoutait la barrière de la langue : je ne parlais pas un mot de français, uniquement anglais. Je me suis fixé six mois pour apprendre afin de pouvoir m’intégrer. Enfin, aucune banque n’acceptait de me suivre pour un crédit. Ces obstacles auraient pu m’arrêter, mais ils ont renforcé ma résilience et ma capacité à trouver des solutions là où d’autres auraient abandonné.

Stratégie et Innovation dans un secteur traditionnel

M&V : Vous évoluez dans un secteur, l‘aménagement intérieur et la pierre naturelle, traditionnellement dominé par de grands acteurs masculins. Comment avez-vous réussi à percer et à vous imposer face à ces géants ?

Emma Iankushenko :  Ce secteur, dominé par de grands acteurs masculins, est resté très old school. J’ai choisi de casser les codes : introduire de la transparence, révéler les vrais prix et digitaliser toute l’offre. Mon pari était audacieux : démontrer qu’on pouvait vendre un produit aussi tangible que la pierre naturelle sans showroom, uniquement grâce à un réseau solide de partenaires et à une stratégie digitale maîtrisée.

Pour bâtir cette base, j’ai sillonné le Portugal en voiture, usine après usine, et répété ce travail à l’international. Cela m’a demandé du temps, mais aujourd’hui nous avons accès à des pierres introuvables ailleurs, à des conditions imbattables. Ce que beaucoup considéraient comme impossible est devenu notre avantage compétitif.

M&V : Votre modèle est 100% digital. Pourquoi avoir fait ce choix et comment arrive-t-on à vendre un produit aussi tangible et sensoriel que la pierre naturelle en ligne ?

Emma Iankushenko : J’ai choisi un modèle 100 % digital pour une raison simple : offrir la meilleure marge et donc le meilleur prix au client. Supprimer le showroom, c’est supprimer des coûts fixes inutiles et les réinvestir dans la qualité du produit. Concrètement, nous avons digitalisé toute l’expérience : envoi d’échantillons, vidéos HD des tranches, validations directes en usine. Chaque étape est documentée et transparente. Résultat : zéro surprise pour nos clients, et ce depuis des années. Ce modèle prouve qu’un produit aussi tangible et sensoriel que la pierre naturelle peut être vendu en ligne, à condition de mettre la preuve au cœur du processus

M&V : Atteindre un chiffre d’affaires à sept chiffres en trois ans est remarquable. Quel a été le « déclencheur » ou la stratégie clé qui a propulsé la croissance de l’entreprise ?

Emma Iankushenko :  Le déclencheur a été la combinaison de deux choix stratégiques : la spécialisation et l’industrialisation créative. J’ai concentré l’offre sur quelques pierres iconiques, et j’ai construit un processus millimétré : qualification, devis en 48 heures, validation visuelle des tranches, production et pose. 

En parallèle, nous avons misé sur un contenu digital pédagogique — avant/après, coulisses d’usine, calepinage en vidéo — qui a installé une confiance immédiate. Cette alliance de vitesse, de transparence et d’émotion a propulsé la croissance et nous a permis d’atteindre un chiffre d’affaires à sept chiffres en trois ans.

Leadership, Féminin et Valeurs

M&V : Vous incarnez un entrepreneuriat féminin « résilient et responsable ». En quoi le fait d’être une femme chef d’entreprise influence-t-il, selon vous, votre manière de manager et de piloter votre société ?

Emma Iankushenko : Être une femme chef d’entreprise influence profondément ma manière de manager. J’ai grandi dans un environnement où les femmes étaient souvent reléguées au second plan, et j’ai voulu inverser cette logique. Mon style de leadership repose sur deux piliers : l’exigence et l’écoute.

Je place la barre très haut sur la qualité, la rigueur et la discipline — parce qu’en tant que femme dans un secteur masculin, je n’ai pas eu le droit à l’erreur. Mais je combine cela avec une culture de la bienveillance : feedbacks clairs, droit à l’erreur si l’on apprend vite, reconnaissance des talents. Cette approche hybride, à la fois exigeante et humaine, crée une équipe engagée, qui ose prendre des initiatives et qui sait que la performance et le respect peuvent aller de pair.

M&V : Les valeurs d’inclusivité, d’éthique et de transparence sont au cœur de votre communication. Comment se matérialisent-elles au quotidien, que ce soit dans vos processus de recrutement, votre chaîne d’approvisionnement ou votre relation client ?

Emma Iankushenko : Nos valeurs ne sont pas des slogans, elles sont intégrées dans chaque processus.

  • Recrutement : nous misons sur la diversité de profils et le potentiel plutôt que sur les diplômes prestigieux. Je cherche des personnes curieuses, engagées, capables d’apporter une perspective différente.
  • Chaîne d’approvisionnement : nous travaillons uniquement avec des carrières et des usines qui respectent des standards clairs de traçabilité et de conformité. Chaque pierre est documentée, chaque traitement est vérifié.
  • Relation client : transparence absolue. Nos devis sont détaillés, nos validations se font en visio sur les tranches réelles, et nous contractualisons les délais pour éviter toute ambiguïté.

Au fond, l’éthique et la transparence, c’est simple : tenir sa parole, rendre visible ce qui était caché, et créer une confiance durable.

M&V : Vous parlez de fonder un business sur l' »intuition ». Pouvez-vous nous donner un exemple où votre intuition a pris le pas sur une analyse purement rationnelle et où cela a porté ses fruits ?

Emma Iankushenko : L’intuition a été déterminante lorsque j’ai choisi de miser sur des pierres très visuelles et émotionnelles comme le Patagonia ou certains quartzites rares. Les analyses rationnelles disaient que le marché français n’était pas prêt : trop coûteux, trop audacieux. Mon intuition me disait l’inverse : si l’on rend ces matériaux désirables mais accessibles, ils deviendront des best-sellers. J’ai donc structuré toute la chaîne — sourcing international, digitalisation du choix, calepinage en vidéo — pour sécuriser cette audace. Résultat : ces pierres sont aujourd’hui au cœur de notre succès. L’intuition n’a pas remplacé la stratégie, elle l’a déclenchée.

Vision et Impact

M&V : Vous proposez « une autre voie possible ». À quoi ressemble, selon vous, l’entreprise idéale de demain, et comment Meilleur Plan Cuisine en est-elle le prototype ?

Emma Iankushenko : L’entreprise de demain doit être plus qu’un lieu de production : elle doit être un écosystème clair, agile et responsable. À mes yeux, l’idéal repose sur trois piliers : la transparence, le digital et l’humain. Transparence, parce que les clients n’acceptent plus l’opacité. Digital, parce qu’il permet d’aller plus vite, de réduire les coûts et de rendre l’expérience fluide. Humain, parce qu’aucune technologie ne remplace la confiance et la créativité d’une équipe engagée.

Meilleur Plan Cuisine est déjà ce prototype : une structure légère, 100 % digitale, qui met la preuve au cœur de son modèle et qui place la qualité et la relation client avant tout. Nous avons montré qu’une entreprise pouvait casser les codes d’un secteur traditionnel et redessiner les règles du jeu, tout en créant de la valeur durable.

M&V : La pierre naturelle devient sous votre impulsion un symbole. Que doit-elle symboliser pour vos clients et pour le grand public au-delà de la simple beauté du matériau ?

Emma Iankushenko : Réponse : Pour moi, la pierre naturelle doit symboliser bien plus qu’un matériau décoratif. C’est un fragment de la Terre, une histoire millénaire figée dans la matière. Elle incarne la durabilité, l’authenticité et la continuité : elle traverse le temps sans se démoder. Pour nos clients, elle devient un totem, un repère : la table où l’on réunit sa famille, le comptoir qui accueille des générations de clients, l’objet qui ancre une maison ou un projet dans une histoire plus vaste. Au-delà de la beauté, la pierre est un acte de transmission. Elle rappelle que dans un monde d’instantanéité, certains choix se construisent pour durer.

M&V : Quel est le prochain grand défi pour Emma Iankushenko et pour Meilleur Plan Cuisine ? Où vous voyez-vous dans les cinq prochaines années ?

Emma Iankushenko : Le prochain grand défi, c’est de réinventer complètement l’expérience client grâce au digital. Nous développons un module en ligne inédit, qui n’existe nulle part ailleurs : une plateforme immersive où chacun, même un particulier sans formation technique, pourra concevoir son plan de cuisine en réalité augmentée, visualiser les matériaux en temps réel et obtenir un devis instantanément. Fini l’attente, fini les intermédiaires obligatoires : même pour une cuisine complexe, l’utilisateur pourra prendre ses cotes facilement grâce à des tutoriels vidéo ultra-simples. 

Nous préparons un outil qui démocratise un savoir-faire longtemps réservé aux artisans, tout en gardant la précision et l’exigence du sur-mesure. Dans cinq ans, je vois Meilleur Plan Cuisine non seulement comme un acteur incontournable de la pierre naturelle en France, mais aussi comme un pionnier européen de la digitalisation de l’aménagement intérieur.

M&V : Pour finir, quel conseil donneriez-vous à une personne, et particulièrement à une femme, qui hésite à se lancer dans l’entrepreneuriat par peur d’un secteur trop masculin ou trop compétitif ?

Emma Iankushenko :  Si un secteur est simplement compétitif, il ne faut pas s’y aventurer sans préparation solide : il faut des moyens, un réseau ou des associés de confiance. L’entrepreneuriat ne pardonne pas l’improvisation. En revanche, un secteur dit “trop masculin” ne doit jamais être un frein. Les hommes finiront par s’adapter si vous apportez une vision claire et des résultats tangibles. La compétence et la performance n’ont pas de genre : ce sont elles qui imposent le respect et ouvrent les portes.

 

 

Par :Nadia Bchir
Publié le: 17 Oct, 2025
Mots clés :

Inscrivez-vous à la newsletter

Recevoir les atcualités en avance et en exclusivité.

nos autres articles

7 astuces pour optimiser une petite salle de bain avec style

7 astuces pour optimiser une petite salle de bain avec style

Aménager une petite salle de bain relève souvent du défi : comment tout faire tenir sans sacrifier le style ? Entre le besoin d’espace et l’envie de rangement, chaque centimètre compte.  Pourtant, même les surfaces les plus modestes peuvent devenir de véritables...